Recharge sédimentaire

travaux de recharge sédimentaire

Depuis les grandes crues de 1994, le Syndicat Mixte d’Aménagement de la Vallée de la Durance (SMAVD) déploie une stratégie ambitieuse de rétablissement du fonctionnement naturel de la Durance. A partir de mi-juillet, la dernière étape des travaux de recharge sédimentaire visant à redonner à la rivière les graviers qui lui manquent pour bien fonctionner auront lieu entre Mallemort (13) et Mérindol (84). Ce troisième chantier marque la fin de l’expérimentation avec des travaux de recharge sédimentaire effectués en 2022 à Puyvert et Puget. Avec un retour concluant, ces expérimentations donneront lieu à d’autres chantiers du même type.

quel est le problème ?

Les aménagements de la chaîne hydro-électrique et les extractions massives de matériaux dans le lit mineur de la rivière ont profondément perturbé le fonctionnement de la Durance. Elle a ainsi perdu beaucoup de ses fonctionnalités naturelles de rivière méditerranéenne dite en tresses, c’est-à-dire constituées de multiples chenaux se déplaçant fréquemment au gré des crues. Alors que ce type de rivière recèle un potentiel écologique particulièrement rare et qu’il a quasiment disparu à l’échelle européenne, rétablir son fonctionnement en tresses est un point clé de la restauration de l’écologie de la rivière.

Une Durance en tresse c’est une rivière qui développe des habitats d’exception pour la faune et la flore, qui fonctionne avec une nappe peu profonde qui rafraichit son cours et alimente les boisements des rives, qui entretien naturellement un lit plus vaste qui écoule donc mieux ses crues :

Une solution fondée sur la nature avec un coup de pouce XXL pour initier le processus

Concrètement, le SMAVD a fait le choix de réinjecter des matériaux à partir de bancs de graviers présents dans le lit mais que la rivière peine à mobiliser. Situés à proximité immédiate de zones en manque de matériaux, le chantier ne nécessitera aucun transport routier. C’est ensuite la Durance qui fera le travail au gré de ses crues en reprenant les matériaux qui deviendront le moteur de la transformation du lit.

L’opération comporte trois sites de recharge en série permettant d’envisager la restauration d’un linéaire de rivière de 20 kilomètres : les deux sites amont auront vu leurs travaux réalisés en 2022 et le troisième site sera traité à l’été 2025.

Ce type de travaux et leur ampleur sont exceptionnels. Au total, sur les trois sites 320 000 m3 de graviers (32 000 camions) auront été remis à disposition du transit sédimentaire de la rivière. Ce coup de pouce grand format a pour vocation d’initier une nouvelle dynamique du cours d’eau. Assumée comme en partie expérimentale, la démarche fait l’objet de nombreux suivis sur ses effets physiques et biologiques.

  • Puyvert : 100 000 m3 en 2022
  • Charleval : 100 000 m3 en 2022
  • Mallemort-Mérindol : 120 000 m3 en 2025

Comme l’illustrent les images des chantiers de 2022 ci-dessus, les travaux ne sont pas anodins. Le SMAVD a donc mené une large concertation avec les services de l’Etat, les riverains, les usagers et les élus locaux. Alors que le temps est compté entre la fin de la période de reproduction des espèces (oiseaux et poissons) et les premières crues potentielles, les travaux sont réalisés au cœur de l’été durant la période d’étiage. Comme la rivière recèle de nombreux enjeux à préserver, les travaux s’accompagnent de mesures fortes de préservation des écosystèmes : mise en défens des zones sensibles, gestion des circulations, préservation des poissons, gestion des risques de pollution…

des effets visibles sur le long terme avec des premiers résultats prometteurs

Les effets attendus de ces opérations ne seront visibles qu’à moyen terme : c’est lors de prochaines crues que les graviers replacés seront mobilisés, aidant la rivière à retrouver sa dynamique naturelle. Un suivi sur plusieurs années permettra d’évaluer les bénéfices concrets sur le paysage de la rivière et sur la biodiversité.

Sur les deux premiers sites de recharge, la rivière s’est déjà transformée grâce aux quelques crues de 2023, 2024 et 2025, elle regagne de la mobilité et forme la naissance des tresses tant attendues !

Ces travaux viennent compléter l’important dispositif mis en place par le SMAVD avec l’aide de ses partenaires pour retrouver la dynamique perdue sur la plus grande et plus belle rivière de Provence. Le bilan après 20 ans d’actions est satisfaisant : + 30% de tronçons en tresses.